Chez la mère

Depuis quelques mois, un petit magasin fermier fait sensation dans le centre de la rue Magloire Douville, à Cravent. 


Toutes les semaines, de 16h à 18h le vendredi et de 9h à 12h le samedi, le petit magasin fermier «Chez la mère» de Jean-Pierre Gouyette et de son fils Erwan vous ouvre ses portes pour faire découvrir des produits authentiques et variés, issus de l’agriculture locale et durable.


Situé en plein milieu du corps de ferme, au numéro 22 de la rue Magloire Douville, le magasin s’est installé dans la cuisine et la salle à manger d’une personnalité emblématique de la commune, dans la partie rénovée de l’ancienne maison de madame Simone Gouyette. 


«Chez la mère», le petit magasin fermier ancré dans la grande tradition familiale !


C’est Jean-Pierre qui eut l’idée de nommer le magasin «Chez la mère», un émouvant clin d’œil pour sa maman qui fût une personnalité marquante de la vie de notre village. 


Madame Gouyette était une figure bien connue des craventais. Chaque personne l’ayant connu saurait témoigner de sa sympathie, de son charmant sourire et de sa voix claire. Elle incarnait, en somme, ce que les campagnes françaises ont de plus beau et de plus chaleureux.

André et Simone Gouyette, les parents de Jean-Pierre

Vue aérienne du corps de ferme, dans les années 1980.

Pour François Rault, membre de l’APAC, Simone Gouyette « représentait toute la campagne Craventaise où son époux traçait son sillon et où son fils Jean-Pierre continue d’exercer le métier d’agriculteur dans la tradition familiale ».

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À considérer sa silhouette mince et son petit tablier bleu impeccable, on n’imaginait pas l’énorme travail qu’accomplissait cette vaillante fermière. Probablement la première levée, c’était elle qui veillait à tout dans la maisonnée et à la ferme. Elle devait aussi s’occuper des animaux: vaches, poules, lapins, canards, le chat et les chiens. Au temps des moissons, peut-être y avait t-il aussi les paniers à emporter pour les hommes. Son étable a été un lieu où tout le monde se rencontrait en allant, avec sa laitière, lui acheter en direct le lait chaud et mousseux qui venait d’être trait jusqu'à ce que hélas, les nouvelles normes le lui interdisent et l’obligent à vendre ses vaches. Elle avait la connaissance du pays, elle était “les saisons, les haies, les chemins, les bois“. Chez elle, le chien abandonné trouvait gîte et affection.

Madame Gouyette était, à sa façon, une gardienne de la grande tradition paysanne dans l’accueil, le dire et le savoir faire rural. Elle savait bien, comme dans toutes les familles profondément paysannes que la nature finit toujours par réagir si on la violente. C’est pourquoi il appartient à chacun d’entre nous de veiller à l’équilibre du patrimoine de nos campagnes.

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François Rault

Quand Jean-Pierre reprit l’exploitation familiale en 1988, ses parents avaient arrêté l’élevage depuis plusieurs années. 

Avec près de 85 hectares, l’exploitation s’était principalement tournée vers la céréaliculture. 


La famille Gouyette continuait alors de se rendre disponible pour la commune, en participant notamment à la collecte des déchets verts du village. 

Jean-Pierre Gouyette fut également maire de Cravent de 2001 à 2010, puis adjoint au maire par la suite. Aujourd’hui, il travaille avec son frère Marcel et son fils sur ce qui fut autrefois l’exploitation de ses parents, dans le respect de la tradition familiale.


Erwan Gouyette a « toujours voulu être agriculteur » comme il aime à le dire. 

Agé de 20 ans, le jeune homme a décroché son baccalauréat scientifique au lycée agricole de Tourville-sur-Pont-Audemer en 2018. 

Par la suite, il a obtenu son Brevet de Technicien Supérieur en comptabilité et gestion pour pouvoir gérer une exploitation agricole. Erwan a ensuite complété son cursus par des formations mises en place par tous les cercles agricoles. Quand la situation le permettra, il espère travailler avec son père en tant que majoritaire sur la société de l’exploitation.

L’exploitation familiale, Erwan y tient beaucoup et il y a quelques mois, il eut l’opportunité de reprendre une exploitation de 86 hectares permettant ainsi un doublement de la superficie de l’exploitation.


Un retour à la proximité rurale d’autrefois… 


« Historiquement, il avait des vaches, des moutons, des poules, tout ce que l’on trouvait dans une ferme à l’époque de nos grands-parents » explique le jeune homme. En 2018, Erwan et son père ont l’idée de relancer un élevage de volaille sur leur exploitation, un élevage «assez simple» comme il l’explique mais qui n’est pas nécessairement exploité dans les environs de la commune. Le projet voit le jour en 2020, et la famille Gouyette ouvre en mai son magasin fermier destiné à la vente des produits issus de l’exploitation. 


« Cette idée nous est venue assez naturellement explique Erwan, on avait vraiment envie de retrouver ce lien social si particulier qui existait au temps de mes grands-parents ». 

Le jeune homme poursuit: « Les gens venaient à n’importe quelle heure. C’était un petit village de campagne alors tout le monde se connaissait. Le matin, on venait chercher son lait pendant que ma grand-mère s’occupait de la traite des vaches. On discutait beaucoup, on prenait le café… ».


Jean-Pierre, lui, se souvient parfaitement de cette époque: « J’ai toujours été habitué à voir du monde dans la cour. Ma mère, elle adorait ça. Elle passait beaucoup de temps à discuter avec les gens. C’est ce qu’on essaye de retrouver avec le magasin, on espère faire revenir les gens à la ferme comme dans le temps. On essaye de recréer un lien social. Les gens se voient, et même si ils ne se connaissent pas, ils restent discuter quelques minutes. »

Un mot d’ordre, le respect du bien-être animal.


Jean-Pierre et son fils sont soucieux du bien-être animal. Les volailles sont élevées en plein air, à la ferme, et disposent d’un très grand parcours avec des arbres et caches. 

« Normalement, il faut 4m2 par poulet. Ici, on est facilement à 6 ou 8m2 par poulet » explique Jean-Pierre.


Les volailles sont nourries principalement avec des céréales (blé, pois et maïs) produites sur l'exploitation familiale via une agriculture céréalière très raisonnée.


La paille vient elle aussi de l’exploitation. Les poulets ont minimum 110 jours. Ils ont beaucoup d’espace et ont accès à l’herbe dès leur plus jeune âge. À titre de comparaison, les poulets de grande surface restent en moyenne 55 jours dehors (80 jours pour du label rouge).

Des produits fermier authentiques et variés !


Chaque semaine, « Chez la mère » propose à la vente des dizaines de produits authentiques et variés, issus de l’exploitation familiale et des campagnes environnantes.


Les volailles sont pour ainsi dire les « stars » du magasin. Poulets entiers, demi poulets, blancs de poulet, cuisses, ailes: ce sont pas moins de 60 poulets qui sont vendus chaque semaine. 

La viande est découpée le vendredi matin, avant l’ouverture du magasin.


Parallèlement, les quelque 200 poules pondeuses élevées en plein air permettent d’avoir entre 180 et 190 œufs par jour. « Cela peut paraître énorme explique Erwan, mais tout est vendu sur le bassin de Cravent ! ».


Pour les autres produits, le magasin travaille essentiellement avec de jeunes agriculteurs des alentours, propriétaires de petites exploitations. 


Vous trouverez ainsi du canard produit à Bazainville dans les Yvelines, de la viande rouge (steak, filets, cottes, faux-filet, escalopes) produite entre Cravent et Villiers, des produits laitiers (crème, lait cru, beurre) produits à Breteuil-sur-Iton en Normandie.

Le magasin propose également différents types de légumineuses (lentilles, quinoa, flageolets) produites à Épieds, dans l’Eure. 

Les pommes de terres et les oignons sont récoltés près de Chartres, au niveau de la plaine de Beauce. Les pâtes sont produites par un jeune couple situés à Saint-Lubin-de-la-Haye dans l’Eure-et-Loir, tandis que l’huile de tournesol, l’huile de colza fermière pressée à froid et la farine de blé sont produites à La Couture Boussey dans l’Eure.

Enfin, le magasin propose toutes sortes de bières artisanales provenant de différents brasseurs (Breuilpont, Chambray, Bois-Jérome), de la confiture produite en Île-de-France mais également du jus de pomme produit à Vexin-sur-Epte, dans l’Eure. 


« C’est important pour nous de pouvoir offrir ce genre de produits à nos clients » explique Erwan. « Aujourd’hui, on voit bien que les gens essayent de plus en plus de se rapprocher des producteurs locaux et des petites exploitations. C’est une très bonne chose car je pense que ça participe à renforcer ce caractère rural qui fait la beauté de nos campagnes ».

Erwan et son père sont toujours à la recherche de nouveaux produits. Ils rencontrent les producteurs directement sur leur exploitation pour sélectionner les meilleurs produits qu’ils proposeront à la vente dans leur magasin. 

« On essaye toujours de trouver des produits uniques et authentiques, différents de ceux que l’on peut trouver dans la grande distribution » rapporte Erwan.  Cette authenticité est pour eux primordiale pour ramener du monde sur l’exploitation, comme il y en a toujours eu historiquement. 


Dans les prochains mois, le magasin devrait proposer du mouton, du miel ou encore du cidre. Erwan espère aussi développer un peu plus l’activité volaille sur l’exploitation, ce qui pourrait permettre dans les années à venir de proposer des œufs de caille par exemple.

Enfin, le jeune homme n’exclu pas l’idée de produire, un jour, certains fruits et légumes sur l’exploitation.

Un petit magasin fermier qui connaît un franc-succès, et qui a su s’adapter à la crise du Covid-19. 


Dès son ouverture, le magasin a su s’organiser pour assurer un service de qualité, en proximité avec sa clientèle. 


« Pour les produits frais explique Erwan, tels que les poulets et les produits laitiers, on invite les gens à réserver leurs commandes à l’avance. En général, on prend les réservations jusqu’au mercredi soir pour ces produits là. Cela nous permet de prévoir nos stocks en amont et d’éviter de perdre des produits qui auraient été invendus ».

« Pour le reste de nos produits, dont la durée de conservation est plus longue, nous renouvelons nos stocks régulièrement. On récupère les yaourts le vendredi matin par exemple. Pour la crème, le lait et le beurre, on les récupère le jeudi soir auprès de notre producteur ».


Les réservations peuvent se faire par téléphone*, mail**, SMS ou directement sur place au magasin. Erwan et son père seront toujours à votre écoute pour répondre à toutes vos questions relatives à la disponibilité des produits, à des réservations ou pour être conseillé sur un produit. 

 

Au départ, Erwan et son père ont distribué des flyers autour de Cravent: à Chauffour, Lommoye, Villegats, Villiers, Aigleville ou encore Chanu. « Ça a bien marché nous dit Erwan, les premiers clients sont venus découvrir nos produits, on a eu un peu de bouche à oreille et les gens sont revenus. On a aussi des clients qui viennent de plus loin: certains viennent de Rosny-sur-Seine par exemple ».


Le magasin est également très actif sur les réseaux sociaux. Chaque semaine, Erwan rédige un post Facebook mettant en avant un des produits disponible en magasin et son producteur. Il fait aussi régulièrement des points d’actualité. « Les gens partagent explique t-il, c’est encourageant car on essaye de toucher un maximum de monde ». 





















Le petit engouement autour du magasin est en effet très encourageant, surtout dans la période difficile que nous traversons.   


Jean-Pierre rapporte qu’à la fin du premier confinement, beaucoup de monde est passé au magasin: « Les gens ont profité de l’occasion pour solliciter les producteurs locaux et les petits commerces de proximité. On a eu un peu de monde jusqu’en juillet mais après la fréquentation a diminué. On a pas eu énormément de monde jusqu’en septembre ».


Pour pallier à la crise sanitaire qui touche énormément de secteurs, y compris le secteur de l’agriculture et des commerces de première nécessité, Erwan et son père se sont inscrit dans des services de drive (comme à Gommecourt) qui permettent aux gens qui ne peuvent pas se déplacer d’avoir accès aux produits issus de leurs exploitation. 


Certains produits de la ferme sont également vendus dans des commerces de ville et dans certains restaurants, permettant ainsi d’apporter un peu plus d’authenticité dans les assiettes.  


« Le plus dur, c’est de fidéliser les gens » explique Jean-Pierre. « On a essayé de développer plusieurs points de ventes: des petits marchés, des e-shop sur internet. Tout ça mis bout à bout, ça fait une clientèle à peu près stable ». 


Les clients, eux, sont nombreux et reviennent régulièrement. « Tous vos produits sont excellents ! » s’exclame une habituée du magasin. 


Erwan est ravi: « Ce magasin nous à apporté un certain contact avec le client que l’on avait pas avant. En temps normal, en tant qu’agriculteur céréaliers, on ne s’occupe pas nous-même de la commercialisation de nos produits. Là, on voit du monde, on a une vraie proximité avec celles et ceux qui vont consommer nos produits et c’est super enrichissant pour nous comme pour eux ».


À l’heure où nous célébrons cette nouvelle année, il ne nous reste plus qu’à souhaiter une excellente année 2021 à nos producteurs, en espérant qu’elle apporte de la joie dans leurs travail et du bonheur dans nos assiettes !



Mattéo GROUARD

* Jean-Pierre Gouyette: 06.14.73.21.52 / Erwan Gouyette: 06.20.05.45.38

** magasin-chezlamere@outlook.fr

Pour contacter l’APAC 

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